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International

Algérie : Le délire de Tebboune


Rédigé par Hichem ABOUD Samedi 8 Avril 2023

Pour l’avoir limité à 26 minutes dans l’interview diffusée le 23 mars dernier, la chaîne qatarienne El-Jazeera, a accordé une compensation à Abdelmadjid Tebboune, le président algérien, par la réalisation d’un entretien de 45 minutes diffusé sur sa chaîne Podcasts. Le même décor est planté et les deux acteurs ont gardé la même tenue vestimentaire. Le locataire du palais d’El-Mouradia s’est lâché dans un délire inédit.



Du jamais vu. Un chef d’Etat qui accepte de se faire diffuser son entretien sur une chaîne YouTube qui compte à peine 10.000 abonnés alors qu’il espérait passer sur la grande chaîne satellitaire internationale suivie par des millions de téléspectateurs. Abdelmadjid Tebboune ne savait, certainement, pas que la parodie à laquelle il s’était adonné avec sa complice Khadija Benguenna avait une audience si limitée.

Mal lui en prit, le président algérien estime, après tout, avoir eu la possibilité de s’exprimer sur un média international qui a accepté sa condition de ne pas évoquer le voisin marocain et de ne pas se faire contredire par la journaliste qu’il qualifiait, alors qu’il était ministre de l’habitat sous Bouteflika, de laudatrice à la solde des étrangers, en réponse au statut qu’elle avait posté sur sa page Facebook le qualifiant de « lâche ». Réconciliés, le président algérien et la journaliste, algérienne également, de la chaîne qatarienne se sont livrés à une véritable parodie donnant libre cours à des élucubrations sans limite.

L’exploit de créer 55.000 emplois à l’horizon 2027

Abordant son dossier favori, celui de l’économie, qu’il maîtrise, pourtant, très mal, Abdelmadjid Tebboune s’enorgueillit des résultats et des perspectives de sa politique économique en annonçant la prochaine adhésion de l’Algérie au BRICS. Ce groupe de cinq pays considérés comme les grandes puissances émergentes actuelles (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) ont engagé les réformes leur permettant de s'intégrer dans l’économie mondiale, notamment l’éducation, les Investissements directs à l'étranger (IDE) et la création d'entreprise.

Alors qu’elle n’arrive pas à se placer dans le top 10 des économies des pays africains, comment peut-on imaginer l’Algérie dans un groupe de pays dont le poids dans la croissance mondiale passera de 20 % en 2003 à 40 % en 2025 ? Ce n’est pas avec le projet de créer 55.000 emplois d’ici 2027, comme l’affirme Tebboune dans cet entretien, qu’on puisse prétendre jouer dans la cour des grands. "13.000 investisseurs algériens privés sont en attente pour investir 30 milliards de dollars entre 2023 et 2027 pour créer 55.000 postes de travail", affirme-t-il. Il ne semble pas mesurer la faiblesse du chiffre dans un pays qui compte 2 millions de chômeurs selon ses propres déclarations.

Ce n’est pas la meilleure manière d’aspirer à assurer un développement économique d’un pays qui engrange des centaines de milliards annuellement de ses ressources en hydrocarbures. Pour un pays 17ème producteur de pétrole, 10ème producteur de gaz naturel et 7ème exportateur de gaz naturel au monde, les chiffres avancés par Tebboune n’augurent nullement d’un avenir florissant pour un peuple qui a du mal à se nourrir correctement. Pourtant, les réserves de pétrole de l'Algérie se classent au 15e rang mondial et celle de gaz naturel au 13e rang mondial.

La réalité de l’Algérie semble échapper totalement à un président qui n’éprouve pas la moindre gêne dans ses divagations en expliquant la cherté de la vie par la volonté des Algériens de vouloir se comparer aux pays européens et non pas à son environnement immédiat (entendre par là son voisin marocain).

Tebboune va plus loin en expliquant que cette cherté des produits alimentaires est un signe de richesse. On a du mal à croire pareilles assertions prononcées par un chef d’Etat. Et pour mieux enfoncer le clou il déclare sans gêne aucune et sans avancer de chiffre que le revenu moyen de l’Algérien est 2 fois et demie supérieur aux voisins (toujours allusion au Maroc).

Des pénuries des produits de premières nécessité, des longues files d’attente pour un sac de semoule ou un sachet d’un litre de lait, de la sécheresse des robinets des ménages et du rationnement de l’approvisionnement de l’eau, Tebboune n’en souffle mot. C’est un tableau idyllique qu’il brosse d’une Algérie nouvelle gouvernée par de vieilles figures et de laquelle s’échappent les jeunes par milliers à bord d’embarcations de fortune au péril de leur vie.

Grave accusation contre le Maroc

En abordant le volet des relations de l’Algérie avec les pays voisins en excluant, bien évidemment, le Maroc, Abdelmadjid Tebboune avait du mal à contenir sa haine pour le royaume de l’Ouest qui semblait hanter son esprit tout au long de l’entretien. Il n’hésitait pas à lui lancer des piques de temps à autre. Jusqu’à tenter de lui porter l’estocade par une accusation d’une extrême gravité pour les deux pays.

Sans nommer le Maroc, il insinua clairement que l’enlèvement, le 5 avril 2012, du consul d'Algérie et de six de ses collaborateurs à Gao dans le nord du Mali, était l’œuvre d’une organisation terroriste, le Mouvement pour l'unicité et le djihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), créé par un pays voisin connu. Ce pays voisin qui ne peut être ni la Tunisie ni le Niger ni le Mali. Alors, suivez le regard du président algérien. Il ne peut être que le Maroc.

Cette accusation est grave pour le Maroc (c’est pour cette raison qu’il avait pris le soin de ne pas le citer) mais surtout pour l’Algérie qui serait une victime qui a fait preuve de lâcheté en se taisant sur la mort de deux de ses ressortissants alors qu’elle connaît l’instigateur du crime. Cela s’est passé sous Bouteflika.  Et maintenant que Tebboune le sait, continuerait-il à faire preuve de lâcheté sans porter l’affaire devant les instances internationales pour demander réparation et surtout faire condamner cet ennemi juré par le Conseil de Sécurité de l’ONU ? Parions un dinar dévalué qu’il n’en sera rien de tout cela.

Le président algérien était, tout simplement, dans un délire sans limite et ne mesurait nullement la gravité de ses propos. Pour cette raison que ni le Maroc ni le peuple algérien ne tiendraient compte de tout ce qui a été dit dans cette parodie d’interview accordée à une Podcast à l’audience des plus limitées.

Hichem ABOUD








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