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International

Algérie : Des centaines de médecins abandonnent le pays et son système sanitaire


Rédigé par La rédaction Dimanche 13 Février 2022

Début février, près de 2000 médecins algériens s’apprêtent à émigrer vers l’Hexagone. Sachant qu’un médecin spécialiste coûte environ 100.000 dollars par an à l’État algérien, on réalise l’ampleur de la gravité de l’hémorragie qui dure depuis des décennies.



Le 4 février, le Centre national français de gestion des praticiens hospitaliers (CNG) a publié les résultats du concours annuel relatif aux épreuves de vérification des connaissances (EVC), provoquant un séisme au sein du système de santé algérien.

En effet, le CNG a révélé que sur les 1.993 lauréats, 1.200 étaient des médecins spécialistes algériens. Reçus à cet examen, ils peuvent désormais exercer dans les hôpitaux français, perpétuant ainsi l’hémorragie qui saigne à blanc au moins depuis trois décennies la santé algérienne.

Actuellement, environ 16.000 médecins algériens exercent en France. D’après les chiffres publiés en 2018 par CNG, les candidats algériens au concours EVC représentent 47,64% des 94 nationalités, loin devant les Tunisiens (19,26%) et les Marocains (4,1%). Un médecin spécialiste algérien installé en France, Dr Khaled Ghanem, à Reims explique pour Sputnik les causes de cette hémorragie d’élites, s’étendant d’année en année et à toutes les compétences que compte le pays dans tous les domaines, et qui risque compromettre l’avenir de l’Algérie.

Pour ce spécialiste en ORL et chirurgie cervico-faciale, «ce que vit le système de santé algérien ne peut être détaché de la situation générale du pays, qui a connu une déliquescence sans précédent durant les deux dernières décennies sous feu l’ex-Président déchu Abdelaziz Bouteflika où l’Algérie, en tant qu’État-Nation, a failli disparaître».

Une gestion obsolète et archaïque du pays

«Durant cette période, les départs des élites du pays, tous corps confondus, ont augmenté de manière exponentielle. La première raison de ce phénomène, qui va certainement durer encore dans le temps, est la gestion obsolète et archaïque du pays, incapable d’offrir un horizon honorable aux étudiants, aux universitaires, aux médecins, aux chercheurs, aux ingénieurs et de manière générale, à des pans entiers de la société algérienne, dont les jeunes représentent 70%».

Ghanem pointe du doigt une économie algérienne, reposant depuis des décennies à 98% sur les rentes en hydrocarbures, sans penser développer les infrastructures nécessaires, tous secteurs confondus, la santé en tête, pour intégrer les dizaines de milliers de diplômés qui sortent chaque année des universités et des grandes écoles. Il faut bien avoir en tête que la formation d’un médecin spécialiste coûte environ 100.000 dollars par an à l’État algérien, qui en laisse une bonne partie filer vers d’autres pays, en particulier la Belgique, la France, l’Allemagne, le Canada, les États-Unis et les pays du Golfe».

Le mal profond que vivent les médecins, les infirmiers et les aides-soignants dans les établissements a été mis à nu au grand jour durant l’épidémie de Covid-19 de ces deux dernières années. Les Algériens ont découvert avec stupéfaction l’état de régression, voire de délabrement, du système de santé national. Actuellement, même les médecins exerçant dans le secteur privé sont tentés par l’aventure migratoire».








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