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Aid Al Fitr, entre joie et fort attachement aux traditions séculaires


Rédigé par Meryem EL BARHRASSI le Vendredi 21 Avril 2023

Avec l'avènement de Aid Al Fitr annonçant la fin du mois sacré du Ramadan, les villes marocaines retrouvent leur effervescence d'antan dans la liesse et la joie, compte tenu de la valeur spirituelle et de la charge symbolique de cet événement pour tous les Marocains, très attachés à leurs traditions.



Après un mois d'abstinence et de recueillement, les Marocains fêtent la fin du mois sacré dans une ambiance conviviale comme chaque année. En effet, Aid Al Fitr occupe une place particulière dans la vie rituelle des Marocains. C'est une journée spéciale qui met un terme à trente jours environ de jeûne, trente jours où les sens, les appétits et l'endurance ont été mis à l'épreuve. Même si l’évolution de la société et le rythme de vie actuelle n’aident pas beaucoup à suivre les coutumes, les Marocains font tout leur possible pour ne pas être exclus du cycle dans lequel ils sont inscrits et essayent de s’accrocher aux traditions transmises de génération en génération.
 
Prière et Zakat : les fondamentaux de l’Aid
 
Cette fête est bien sûr l’occasion de réjouissances, puisque le jeûne est terminé, mais c’est également le moment de faire preuve de générosité. Avant la prière, tout le monde doit s’acquitter de la Zakat Al Fitr. Cette obligation religieuse qui relève de la sunna est synonyme d’entraide et de solidarité à l’égard des pauvres, et des valeurs auxquelles les Marocains sont fidèles. L'acte de donner de son bien a pour finalités la purification de l'âme humaine de l'avarice et de l'avidité et l’inculcation du sens de l’empathie avec autrui, cimentant ainsi les relations sociales et promouvant une véritable entraide entre toutes les composantes de la société.
 
Entre 7h et 9h du matin, les Marocains doivent se rendre à la prière matinale marquant la fin du mois de Ramadan, afin de revenir sur les actions, bonnes ou mauvaises, accomplies durant les 30 jours de ramadan. En sortant du lieu de prière, l’accolade permet à tous les fidèles de se congratuler, mais aussi de se réconcilier et de se pardonner, le cas échéant.
 
Gastronomie, famille et habits traditionnels
 
De retour à la maison, les festivités commencent à la maison, le petit déjeuner est servi. Synonyme de rassemblement entre proches, ce jour, aussi appelé « fête sucrée », est une occasion de se régaler de pâtisseries succulentes.  Au menu : thé à la menthe, mssemen, beghrir, beignets, fruits secs, gâteaux traditionnels, petits fours..., des petits plaisirs méticuleusement préparés par les mères de famille et souvent partagés avec les voisins.
 
Pour le déjeuner, chaque région prépare son plat « vedette ». « Chez nous, à Marrakech, le couscous ou le tajine de viande aux pruneaux, abricots secs soigneusement décorés avec des graines de sésame, des amandes ou noix, font office du plat du jour », indique Salma, une jeune Marrakchie. Il s'agit là d'une tradition millénaire que les mères de familles dans la cité ocre se transmettent de génération en génération et de mère en fille, en cette heureuse occasion. Un véritable rituel jalousement préservé.
 
Attachement aux valeurs ancestrales
 
L’après-midi, vêtus de leurs plus beaux vêtements traditionnels, les Marocains se lancent dans la tournée familiale. C’est l’occasion de renouer contact avec les proches et de consolider ce lien familial qui leur est si cher. Grands-parents, parents, enfants et petits-enfants, tous se réunissent autour d’une table bien garnie et discutent, jouent aux cartes, sur fond de musiques et de chants traditionnels. À cette occasion, on offre des cadeaux aux enfants. Cette ambiance familiale et chaleureuse fait véritablement partie d’un patrimoine immatériel marocain, toujours présent en dépit des sirènes de la modernité.
 
Les vêtements de l’Aïd, une tradition préservée depuis des générations
 
Les tout petits sont pour leur part habillés tout en neuf. C’est bien connu, Aïd Al Fitr est d’abord la fête des enfants. C’est l’occasion pour eux de mettre leurs plus beaux habits achetés à l’occasion par leurs parents qui, dès le milieu du Ramadan, prennent d’assaut les magasins et centres commerciaux.
 
« C’est toujours un véritable bonheur de chercher les vêtements de l’Aïd pour les enfants. Nous, les parents, sommes souvent plus enthousiastes que les enfants à l’idée d’acheter les fameux habits de l’Aïd », souligne Hanane, maman de trois enfants. Par ailleurs, l’habit traditionnel est à l’honneur en cette journée festive.
 
En effet, hommes et femmes font de plus en plus le choix de suivre la coutume et de porter caftans et djellabas durant cette journée de fête. Les couturiers sont d’ailleurs sollicités plusieurs semaines à l’avance pour confectionner différents modèles mariant tradition et modernité.
 
Meryem EL BARHRASSI
 
 

​3 questions à Siham Achouba, styliste

« Nous avons choisi de fixer de petites marges, afin de proposer des prix abordables et répondre aux besoins de tout le monde »
 
 
L’approche de Aid Al Fitr est une période de forte activité pour le secteur de la mode traditionnelle au Maroc. Cependant, cette année, la crise économique et l’inflation ont bouleversé ce marché. La demande est bien au-dessous de ses niveaux habituels. Siham Achouba, styliste et co-fondatrice de « Ach Couture » nous en dit plus.
 
Quelles sont les répercussions de la crise sur le marché des tenues traditionnelles ?
 
La demande est très faible. L’inflation s’est répercutée sur les habitudes d’achat des Marocains. Contrairement aux années précédentes, les clientes qui commandaient 3 à quatre tenues, cette année n’en achètent qu’une seule ou deux. Les effets de la crise sont palpables.
 
Face à l’inflation, existe-il des alternatives moins chères ?
 
Ce qui est demandé cette année, c’est le moins cher. Les modèles fabriqués avec la machine sont les plus demandés. Même quand la cliente demande une tenue travaillée à la main, elle insiste sur un modèle léger qui ne soit pas très chargé, car cela lui coûtera moins cher. Le Kimono, par exemple, connaît une demande importante et domine les tendances de cette année en différents styles grâce à son coût abordable.
 
Quelle solution proposez-vous pour une adaptation à la crise ?
 
La nouveauté cette année est d’acheter d’anciens modèles. Finie l’époque où on cherchait les plus récents modèles de djellabas pour être à la page. Certaines clientes ont trouvé une autre solution, louer des tenues traditionnelles. On nous a même demandé si nous proposons un service de location. Nous nous adaptons à la situation, ainsi qu’aux conditions de nos clients. Nous avons choisi de fixer de petites marges, afin de proposer des prix abordables et répondre aux besoins de tout le monde.

 

Tout un cérémonial qui débute bien avant l’Aïd

Les mères de famille mettent un point d’honneur à rendre leurs maisons propres et accueillantes, notamment en effectuant à l’avance le traditionnel grand ménage. Accueillir les nombreuses visites familiales si caractéristiques de cette fête religieuse doit se faire dans les règles de l’art. Côté culinaire, la table du petit-déjeuner, elle, est particulièrement connue pour sa grande variété. Les petits plaisirs de la table sont méticuleusement préparés. « Nous avons l’habitude, chaque année, de passer une semaine à confectionner une multitude de gâteaux marocains et de friandises qui doivent impérativement figurer sur la table pour accueillir les invités », informe Mounia, mère de famille.

Voyager pour célébrer l’Aid : la nouvelle tendance

Si la majorité des Marocains stressent à cause des « obligations » de Aid Al Fitr, certains ont trouvé la solution pour fuir toutes ces histoires : partir en voyage. Tentés par les annonces publicitaires des agences de voyages, certains jeunes couples, groupes d’amis ou même des familles ont décidé de s’éloigner pendant cette période et profiter de leurs petites vacances d’Al Aid. « Ma femme et moi avons décidé d’aller à Essaouira cette année pour célébrer
Al Aid. Nous nous y rendrons avec deux couples d’amis. Nous avons tout organisé pour passer un séjour paisible. Vivement vendredi, le jour de notre départ », raconte Otmane.







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