Le Maroc, initiateur du PEAA, voit dans ce processus un levier stratégique pour conforter la souveraineté sur ses provinces du Sud. La participation des 23 pays membres révèle d’ailleurs le fait que la majorité d’entre eux reconnaît la marocanité du Sahara ou a gelé toute relation avec le Polisario. Plusieurs ont même ouvert des consulats à Dakhla ou à Laâyoune, renforçant la légitimité de Rabat dans la région.
Hormis la cause nationale, le Royaume inscrit son action dans une logique Sud-Sud qui n’exclut pas la coopération Nord-Sud. Fidèle à une diplomatie d’actions concrètes, le Maroc se positionne comme catalyseur d’une solidarité africaine pragmatique, note un policy brief du PCNS. Fort de son expérience de coopération avec les pays européens atlantiques - de la coopération trilatérale avec la France et l’Espagne au futur Mondial 2030 organisé avec l’Espagne et le Portugal -, le Maroc se propose comme charnière euro-africaine. Le pays pourrait initier un noyau «mini-latéral» 3+3 (Maroc–Mauritanie–Sénégal / Espagne–Portugal–France), sur le modèle du dialogue 5+5 méditerranéen, ouvrant la voie à une institutionnalisation durable de la coopération atlantique, note l’analyse rédigée par Abdelhak Bassou, Senior Fellow au Policy Center et ancien préfet de police. Sur le plan économique, il rappelle que les investissements marocains irriguent déjà la région. Banques, télécoms, assurances, énergie et infrastructures portent l’empreinte de groupes marocains tels qu’Attijariwafa Bank, Bank of Africa, Maroc Telecom ou encore l’OCP. Sur le plan culturel et religieux, Rabat promeut un Islam modéré et accueille chaque année des milliers d’étudiants africains, renforçant ainsi son rôle stabilisateur et sa capacité d’influence douce.
Hormis la cause nationale, le Royaume inscrit son action dans une logique Sud-Sud qui n’exclut pas la coopération Nord-Sud. Fidèle à une diplomatie d’actions concrètes, le Maroc se positionne comme catalyseur d’une solidarité africaine pragmatique, note un policy brief du PCNS. Fort de son expérience de coopération avec les pays européens atlantiques - de la coopération trilatérale avec la France et l’Espagne au futur Mondial 2030 organisé avec l’Espagne et le Portugal -, le Maroc se propose comme charnière euro-africaine. Le pays pourrait initier un noyau «mini-latéral» 3+3 (Maroc–Mauritanie–Sénégal / Espagne–Portugal–France), sur le modèle du dialogue 5+5 méditerranéen, ouvrant la voie à une institutionnalisation durable de la coopération atlantique, note l’analyse rédigée par Abdelhak Bassou, Senior Fellow au Policy Center et ancien préfet de police. Sur le plan économique, il rappelle que les investissements marocains irriguent déjà la région. Banques, télécoms, assurances, énergie et infrastructures portent l’empreinte de groupes marocains tels qu’Attijariwafa Bank, Bank of Africa, Maroc Telecom ou encore l’OCP. Sur le plan culturel et religieux, Rabat promeut un Islam modéré et accueille chaque année des milliers d’étudiants africains, renforçant ainsi son rôle stabilisateur et sa capacité d’influence douce.
Enjeux pour les vingt-trois et la région
Cela dit, le document rappelle que pour les 23 pays riverains, les ambitions convergent : développer des infrastructures portuaires modernes capables d’absorber le basculement des routes maritimes mondiales, exploiter de manière durable les ressources halieutiques et énergétiques, réussir la transition vers les énergies renouvelables et renforcer les échanges commerciaux intra-africains. Mais ces opportunités vont de pair avec des défis majeurs, du fait que la région est confrontée à une criminalité transnationale organisée (trafic de drogues, réseaux de migration clandestine, contrebande d’armes) qui fragilise les économies locales et menace directement la sécurité européenne. À cela s’ajoutent la montée de l’extrémisme violent, notamment dans l’arrière-pays sahélien, et la prolifération d’actes illicites en mer, de la piraterie aux sabotages, qui mettent en péril la fluidité du commerce international. Ces menaces ne concernent pas uniquement l’Afrique, mais se répercutent jusqu’en Europe, première partenaire économique de la façade atlantique africaine, exposée aux flux migratoires incontrôlés, aux cargaisons illicites et au risque terroriste. Dans ce contexte, l’Atlantique africain s’impose comme un bien commun euro-africain, dont la stabilité et la prospérité ne pourront être garanties qu’à travers une coopération renforcée, structurée et solidaire entre les deux rives.
Vers un Sud ouvert et nouveau
Par ailleurs, et face à la tentation d’une instrumentalisation idéologique du «Sud global» par certaines puissances émergentes, le rapport note que Rabat défend l’approche d’un Sud ouvert et non-aligné, privilégiant les partenariats équitables et la réciprocité avec l’Europe comme avec la Chine ou d’autres acteurs mondiaux. L’objectif, selon la même source, est d’ancrer l’Afrique atlantique dans une ère de coopération sincère, loin des logiques de blocs.
Pour transformer l’Atlantique africain en un véritable espace géopolitique intégré, plusieurs conditions sont mises en avant par le policy brief, notamment «une architecture institutionnelle souple». Il s’agit de mettre en place un secrétariat permanent allégé, des Conseils ministériels sectoriels et des Sommets périodiques des chefs d’État. Le rapport recommande aussi des corridors logistiques reliant ports atlantiques et hinterlands sahéliens, en plus de la mise en réseau et la digitalisation des infrastructures portuaires. A cela s’ajoutent l’exploitation durable des ressources maritimes, et la création d’une académie des métiers de la mer.
Alors que la région est sujette à des tensions géopolitiques, la coopération renforcée contre la criminalité transnationale, le terrorisme et les actes illicites en mer, via l’échange de renseignements et des patrouilles coordonnées, s’impose également. Le rapport souligne finalement l’importance d’un ancrage euroafricain équilibré, en valorisant le corridor euro-africain atlantique et en initiant un noyau de coopération 3+3, extensible à d’autres partenaires.
Si les défis demeurent considérables, suite aux disparités économiques, tensions régionales, menaces sécuritaires, Rabat mise sur son rôle de pont et de moteur inclusif pour faire de l’Atlantique africain un pôle de stabilité et de prospérité du XXIème siècle.
Rime TAYBOUTA