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International

Afghanistan : Les capitales provinciales continuent de tomber dans l’escarcelle talibane


Mercredi 11 Août 2021

En cinq jours, les Talibans se sont emparés de neuf capitales provinciales, resserrant l’étau autour de Mazar-Sharif, de Kandahar et de Lashkar Gah au Sud.



Le mouvement taliban a encore étendu, ce mercredi, son contrôle des zones en Afghanistan, après s’être emparé de la ville de Faizabad, la capitale provinciale du Badakhshan, dans le nord-est du pays. De ce fait, le nombre de capitales de provinces perdues par les forces gouvernementales au profit de la domination des Taliban est passé à 9 villes, au cours des six derniers jours.

Dans un communiqué de presse, le sous-secrétaire du Conseil de la choura de la province du Badakhshan, Hojjatullah Haradmand, a déclaré que les éléments du mouvement avaient lancé une attaque contre la ville il y a deux semaines. Et d’ajouter que les forces gouvernementales se sont retirées du centre-ville la nuit dernière, après avoir résisté aux assauts des talibans à trois reprises.

Depuis le mois de mai dernier, les violences en Afghanistan se sont intensifiées, avec l’expansion des secteurs contrôlés par les Talibans, dans le cadre de la dernière phase du retrait des forces américaines d’Afghanistan, qui devrait s’achever au 31 août.

Abdication des soldats à Kunduz

Par ailleurs, des «centaines» de membres des forces de sécurité, qui s’étaient retirés près de l’aéroport de Kunduz, après la chute ce week-end de la ville, située dans le nord-est de l’Afghanistan, se sont rendus mercredi 11 août aux Talibans, a indiqué à l’AFP un conseiller provincial. «Ce matin, des centaines de soldats, policiers et membres des forces de résistance (miliciens) qui étaient postés à l’aéroport se sont rendus aux Talibans avec tout leur équipement», a déclaré Amruddin Wali, conseiller de la province de Kunduz. «La plupart des soldats qui étaient postés dans l’aéroport se rendent», a confirmé à l’AFP un soldat présent sur place, qui a requis l’anonymat. «Parce que les Talibans nous encerclaient, ils nous tiraient des obus dessus.

Il n’y avait aucun moyen de répliquer», a-t-il justifié. «Mon unité avec 20 soldats, trois humvees et quatre pick-ups vient juste de se rendre. Nous attendons juste d’obtenir notre lettre de pardon (stipulant qu’ils sont graciés, NDLR). Il y a une grande queue (pour ça)», a-t-il ajouté.

240.000 Afghans déplacés

La violence des combats a entraîné d’importants déplacements de population en Afghanistan : plus de 240.000 depuis mai 2021 et le retrait des forces américaines et internationales. Les affrontements ont fait plus de 4000 blessés depuis le 1er août, selon le CICR.

« À moins que toutes les parties ne retournent à la table des négociations et ne parviennent à un règlement pacifique, la situation, déjà atroce pour tant d’Afghans, ne fera qu’empirer », a averti Michelle Bachelet. La haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme s’inquiète de la prolifération des milices pro-gouvernementales mobilisées contre les Talibans et qui pourrait également mettre en danger les civils.

Cet appel à un arrêt immédiat des combats dans les villes vient s’ajouter à celui du CICR, qui demande aux parties en conflit de protéger de toutes attaques et dommages collatéraux les hôpitaux et les infrastructures de soins, pour pouvoir continuer à venir en aide à la population. Sur le plan diplomatique, l’émissaire américain pour l’Afghanistan est au Qatar pour exhorter les Talibans à cesser leur offensive et à négocier un accord politique.

Doha accueillait en effet, ce mardi 10 août, une réunion internationale avec des représentants du Qatar, des États-Unis, de Chine, du Royaume-Uni, de l’Ouzbékistan, du Pakistan, des Nations unies et de l’Union européenne. Une initiative qui a peu de chances d’aboutir au vu de l’évolution sur le terrain et de l’avancée fulgurante des insurgés.

Le processus de paix entre le gouvernement afghan et les Talibans s’est ouvert en septembre dernier au Qatar, dans le cadre de l’accord de paix conclu en février 2020 – entre les insurgés et Washington – prévoyant le départ total des troupes étrangères d’Afghanistan. Ce retrait doit être achevé d’ici au 31 août 2021. Et selon Washington, rien ne saurait bouleverser le retrait effectif du pays d’ici à la fin du mois.
 

Biden : Les Afghans doivent se battre pour leur nation
 
Le président américain Joe Biden a déclaré mardi ne pas regretter sa décision de retirer les troupes américaines d’Afghanistan, assurant que Washington tenait ses promesses faites à Kaboul, et qu’il fallait que les soldats afghans démontrent leur volonté de combattre les insurgés. S’exprimant devant les journalistes à la Maison Blanche, Joe Biden a déclaré que les dirigeants afghans devaient «s’unir». «Ils doivent se battre pour eux-mêmes, se battre pour leur nation», a-t-il dit.

« Nous avons dépensé près d’un milliard de dollars sur 20 ans, a déclaré le président américain. Nous avons formé et équipé plus de 300.000 membres des forces de sécurité afghanes. Les dirigeants afghans doivent s’unir, ils doivent se battre pour eux-mêmes, pour leur nation. J’insiste sur le fait que les États-Unis vont tenir leurs engagements. Apporter un soutien aérien, faire en sorte que leurs forces aériennes sont opérationnelles, fournir la nourriture et l’équipement nécessaire à leurs troupes et payer tous les salaires des militaires.

Mais ils doivent se battre. Alors que les Etats-Unis ont entamé au printemps leur retrait définitif d’Afghanistan, qui doit être finalisé au 31 août selon le souhait de Joe Biden, les Talibans ont accentué leurs offensives à travers le pays et pris ces derniers jours le contrôle de plusieurs capitales provinciales. Les insurgés islamistes ont ainsi resserré l’étau sur la capitale Kaboul.