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International

Afghanistan : Les Talibans, seuls maîtres à bord ?


Rédigé par Ali B. avec les agences Mardi 31 Août 2021

L’aéroport de la capitale afghane est désormais sous le contrôle du mouvement taliban après que les USA aient mis fin aux évacuations.



Noorullah Shirzada/AFP
Noorullah Shirzada/AFP
Quelques heures après que les Américains ont officiellement annoncé la fin des évacuations de Kaboul, le porte-parole des talibans a félicité les Afghans pour leur victoire après 20 ans d’intervention militaire. «Nous félicitons l’Afghanistan, c’est une victoire pour nous tous», a déclaré Dabihullah Mujahid, porteparole du mouvement, depuis le tarmac de l’aéroport de Kaboul.

«Nous voulons de bonnes relations avec les États-Unis et le monde, et nous nous félicitons de bonnes relations diplomatiques avec tous», a-t-il ajouté. Les derniers soldats américains ont quitté l’Afghanistan, a annoncé le Pentagone ce lundi soir, laissant le pays aux mains des talibans, leurs ennemis de 20 ans, au terme de la plus longue guerre de l’histoire des Etats-Unis.

«Le dernier avion C-17 a décollé de l’aéroport de Kaboul le 30 août» à 19H29 GMT, a déclaré le général Kenneth McKenzie qui dirige le commandement central dont dépend l’Afghanistan lors d’une conférence de presse.

«Si les évacuations militaires sont terminées, la mission diplomatique pour s’assurer que davantage de citoyens américains et d’Afghans éligibles voulant partir, continue», a ajouté le général américain.

Echec militaire colossal

Ce chapitre de l’histoire militaire restera probablement dans les mémoires pour ses échecs colossaux, ses promesses non tenues et une sortie finale frénétique qui a coûté la vie à plus de 180 Afghans et 13 membres des services américains. Les dernières heures de l’évacuation ont été dantesques : les troupes américaines ont dû s’atteler à la tâche énorme de faire monter les derniers évacués dans les avions tout en se débarrassant d’une partie de leur équipement, alors même que les soldats vivaient sous la menace qui s’est concrétisée en deux attaques de la filiale afghane du groupe État islamique.

Depuis le 14 août, sur une période de 18 jours, les avions des Etats- Unis et leurs alliés ont évacué plus de 123.000 civils de l’aéroport international Hami Karzai. Lundi, des roquettes ont été tirées à Kaboul lors d’une attaque revendiquée par le groupe Etat islamique. Ces roquettes ont été interceptées par le système de défense anti-missile de l’aéroport.

Qu’adviendra-t-il désormais de ceux qui voulaient fuir l’Afghanistan, mais qui n’ont pu trouver de place dans un vol d’évacuation ? Les talibans ont promis de laisser partir tous les étrangers et ressortissants afghans disposant d’un permis de s’installer ailleurs, même après mardi. Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté ce lundi une résolution gravant dans le marbre les «engagements » des talibans sur le départ «sûr» de ceux qui veulent quitter l’Afghanistan.

La traque des auxiliaires se poursuit

Toutefois et selon un collectif d’une trentaine d’avocats français, près de 170 afghans ont été abandonnés par Paris. Officiellement, ils sont appelés les PCRL, pour «Personnels civils de recrutement local». D’après le ministère de la Défense, 1.067 Afghans ont été embauchés alors que l’armée française était déployée dans le pays, entre 2001 et fin 2014.

Les autorités françaises assurent que 800 personnes au total, dont les familles de ces anciens collaborateurs afghans, ont été accueillies en France depuis 2014. Toutefois, ces chiffres semblent sous-estimés, car ne tenant pas compte de nombreuses collaborations qu’ont pu avoir des auxiliaires afghans avec Paris. Ainsi en est-il des Afghans ayant par exemple assisté l’armée française sans que des contrats soient signés. D’autres, comme Ahmad, ont travaillé pour des entreprises françaises ayant contribué à l’effort de guerre français.

Ahmed, comme tant d’autres, se sent trahi et ‘arrive pas à comprendre « pourquoi le gouvernement français a pris position contre (ses auxiliaires)? Pourquoi n’y a-t-il aucun esprit de coopération? », s’interroge-t-il. Désormais, Ahmad est parti se réfugier dans un village de campagne, le temps de trouver un moyen d’assurer la sécurité de sa famille.

La capitale est devenue trop dangereuse. «Les talibans restent des talibans», résumait à Sputnik un ex-agent des renseignements français en poste en Afghanistan, avant de souligner que «la traque dans Kaboul est réelle, même si elle n’est pas ou peu médiatisée».

Récemment, l’un de ses anciens collaborateurs restés en Afghanistan, patron «d’une boîte de sécurité afghane», a «échappé de justesse» à la vendetta talibane quand une quinzaine de talibans sont venus le chercher pour l’arrêter».
 
Ali B. avec les agences


 


L’arsenal US, un gros butin aux mains des Talibans
 
Drones, armes, artillerie, véhicules: les États-Unis ont abandonné aux talibans un butin de guerre inespéré. La guerre en Afghanistan a coûté la somme astronomique de 2.261 milliards de dollars aux États-Unis depuis l’invasion de 2001. Mais l’armée américaine laisse aussi derrière elle un équipement dernier cri destiné à équiper l’armée afghane, qui, comme on l’a vu, n’a pas fait long feu face aux talibans.

Le site OpenTheBooks a pourtant réussi à déterrer deux rapports du Government Accountability Office (GAO) et de l’inspection générale pour la reconstruction de l’Afghanistan (SIGAR) datés de 2017 et 2020 et effacés des sites web fédéraux. Le décompte donne un aperçu du gâchis. Entre 2003 et 2016, les États-Unis ont par exemple acheté et fourni 75.898 véhicules et 208 avions à l’armée et aux forces de sécurité afghanes, dont 22.174 Humvee, les fameux véhicules de transport militaires, coûtant chacun 91.000 dollars, ou encore près de 9.000 Navistar 7000-MV, des blindés de transport dont le dernier modèle coûte plus de 880.674 dollars pièce.

Les talibans ont également saisi des hélicoptères Black Hawk (21 millions de dollars pièce) et des avions d’attaque A-29 Super Tucano, a rapporté Reuters affirme qu’entre quarante et cinquante pilotes afghans ont atterri en Ouzbékistan à bord des appareils livrés par l’armée américaine (qui auront finalement servi davantage à fuir les fondamentalistes qu’à les combattre,).

En revanche, les pièces détachées de tous ces appareils ont une énorme valeur sur le marché noir et pourraient fournir des rentrées d’argent importantes pour les talibans. Les armes légères risquent, elles, d’être disséminées dans des conflits vers d’autres parties du monde ou vendues à des groupes terroristes, s’inquiète Elias Yousif.

 








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