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Affaire des camions : Un plan d’escalade algérien qui fait pschitt !


Rédigé par Saâd Jafri Dimanche 7 Novembre 2021

Depuis mercredi dernier, le régime des généraux algériens essaye de jeter la responsabilité de la « mort » incertaine de trois camionneurs algériens sur l’armée marocaine, tout en faisant résonner les tambours de guerre. Le Royaume réagit calmement et laisse les éléments de la MINURSO tirer l’affaire au clair.



Le moins que l’on puisse dire, c’est que le régime algérien a passé une semaine agitée, ne ménageant aucun effort pour jeter la responsabilité de la « mort » incertaine de trois camionneurs algériens sur l’armée marocaine, tout en essayant de justifier ses actions hostiles à son égard. Outre le très polémique et laconique communiqué de la présidence algérienne, dans lequel le régime des généraux a frontalement adressé des menaces au Royaume, le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, mène une campagne contre le Maroc, alimentée par l’intox et les contradictions dans l’objectif d’obtenir le soutien de la communauté internationale.

«Terrorisme d’État», «Blocage de la libre circulation de véhicules commerciaux »,« Bombardement barbare », «Assassinat lâche»… les éléments de langage utilisés par la machine propagandiste algérienne nous rappellent l’épisode des incendies qu’a connu ce pays en août dernier, durant lequel Alger a essayé de blâmer le Maroc pour ce drame.

Cependant, une fois de plus, le plan d’escalade algérien fait pschitt, puisque le Maroc a décidé de répondre sagement à ces déclarations tendancieuses, se limitant à une source citée par l’agence AFP, affirmant qu’il ne se laissera pas entraîner dans une guerre qui serait dévastatrice pour la région. Une guerre qui tient à coeur aux généraux algériens à court d’alternative pour détourner l’attention sur ses problèmes intérieurs dont témoignent les mouvements du Hirak qui durent depuis près de trois ans.

Le bon sens du Royaume se traduit également par le Discours Royal à l’occasion du 46ème anniversaire de la Marche Verte dans lequel le Souverain a complètement ignoré les gesticulations et les provocations d’Alger, zoomant sur les acquis économiques, politiques et diplomatiques du pays, tout en dévoilant ses orientations stratégiques pour assurer la prospérité non seulement du Maroc, mais également celle de la région.

Déclarations contradictoires !

En plus du positionnement bien réfléchi du Maroc, la campagne menée par le voisin de l’Est n’aura pas l’effet escompté, du fait qu’une équipe de la MINURSO s’est rendue tout schuss sur le lieu où trois camionneurs algériens ont trouvé la mort dans des conditions non encore élucidées.

Contrairement aux versions de l’histoire véhiculée par l’Algérie, les éléments de la MINURSO ont affirmé que les camions se trouvaient « près de Bir Lahlou » et que la Mission onusienne a constaté que les deux véhicules, «gravement endommagés et carbonisés», étaient garés l’un à côté de l’autre. S’agissant de la date de l’incident qui a créé un tollé en Algérie – le 1er novembre étant le 67ème anniversaire du déclenchement de la glorieuse Révolution de libération nationale – le porte-parole adjoint du Secrétaire Général de l’ONU, Farhan Haq, a déclaré, vendredi lors d’une conférence de presse, que les événements se sont déroulés le 2 novembre.

Le responsable de la communication de l’équipe de Guterres dit qu’il « ignore pourquoi les deux camions sont dans cet endroit », sachant que c’est une zone d’opérations militaires alors qu’il y a une autre voie sécurisée reliant l’Algérie à la Mauritanie.

Par ailleurs, au moment où l’appareil politico-militaire algérien avance que le Maroc aurait utilisé une «arme sophistiquée» pour bombarder les camions précités, une source connaisseuse en la matière nous indique que vu le positionnement des véhicules, il paraît qu’ils auraient subi « un tir horizontal direct parallèle au sol. Le tir d’un bazooka situé près des camions pourrait donner le même résultat».

Il s’agit sans doute d’une opération préparée entre les forces algériennes et les milices polisariennes, estime la même source, avant d’ajouter que les conducteurs et les passagers auraient été récupérés avant l’attaque, «raison pour laquelle les éléments de la MINURSO n’ont trouvé aucune trace de corps des soi-disant victimes». D’ailleurs, les camions étaient vides de toute marchandise, relève notre interlocuteur, affirmant qu’ils ont pris cette route pour être cible de l’attaque savamment organisée.

«Des manoeuvres qui ne tromperont pas les enquêteurs sur le terrain », conclut la même source.

«L’Algérie cherche la confrontation par tous les moyens, mais le Maroc n’est pas dupe et va poursuivre sa démarche modérée», estime l’analyste politique et vice-doyen en sciences politiques et relations internationales à la Faculté de gouvernance et des sciences économiques et sociales à l’Université Mohammed VI Polytechnique, Khalid Chegraoui. Celui-ci alerte qu’il ne faut absolument pas légitimer le conflit, notant par la même que le scénario de guerre serait préjudiciable pour les deux côtés certes, mais l’Algérie est dans une logique suicidaire qu’il ne faut pas suivre.

En effet, que ce soit sur le plan économique ou sécuritaire, Alger serait le plus grand perdant dans un scénario de guerre, premièrement vu la situation politico-économique alarmante qu’elle connaît en interne, avec une grogne sociale qui s’intensifie de plus en plus. Le voisin de l’Est aura donc à gérer les tensions sociales aux conséquences innombrables, qui tournent très vite à la violence et à la confrontation externe en même temps.

Sur le plan extérieur, l’Algérie est déjà confrontée à la menace terroriste en provenance du Sahel, sans oublier l’instabilité toujours présente en Libye, qui requiert une vigilance continue et bien évidemment la situation en Tunisie qui ne prête pas à l’optimisme. À cela s’ajoute le coût de la guerre que le pays ne peut absolument pas supporter avec un taux d’inflation qui monte en flèche et les pénuries de produits de première nécessité qui ravagent le pays. C’est dire que la stratégie du pire d’Alger est indubitablement une opération kamikaze.

Saâd JAFRI

3 questions à Khalid Chegraoui

Affaire des camions : Un plan d’escalade algérien qui fait pschitt !

« L’Algérie fait appel à la stratégie de l’ennemi utile »
 
Khalid Chegraoui, analyste politique et vice-doyen à la Faculté de gouvernance et des sciences économiques et sociales à l’Université Mohammed VI Polytechnique, nous livre son analyse sur les agitations d’Alger.

- L’Algérie a franchi un nouveau palier dans son escalade guerrière qui perdure depuis plusieurs mois envers le Maroc. Quelle est votre lecture de cette agitation ?

- Alger essaie de créer une zone de conflit, une zone de non-retour. Les raisons de cette escalade sont claires. Premièrement, la nouvelle Administration américaine qui a maintenu la reconnaissance sur la souveraineté du Sahara. Il y a aussi la multiplication des représentations diplomatiques dans les provinces du Sud et les déclarations des pays africains et arabes sur la question du Sahara en faveur du Maroc.

Autre chose qui explique l’agitation algérienne, c’est la situation interne dans le pays qui a atteint des degrés alarmants, sur le plan économique et politique. L’idée est donc de faire appel à la stratégie de l’ennemi utile, chose, d’ailleurs, que le régime fait depuis 1963, afin de diriger la colère du peuple algérien ailleurs.



- L’Algérie mène une campagne anti-Maroc intensive, comment le Royaume doit-il contreattaquer ?

- Il ne faut pas suivre le pas de l’Algérie et aller dans les surenchères. Je trouve que le Maroc mène une stratégie de communication modérée. La diplomatie marocaine répond quand il faut répondre, l’Algérie n’est pas présente quotidiennement dans le discours marocain, contrairement à ceux des officiels algériens. Maintenant, sur le plan communicationnel, je pense que le Marocain lambda et la société civile de manière générale doivent garder leur sang froid et faire la différence entre régime et peuple, pour ne pas créer une crise entre les deux peuples.


- La politique marocaine sera-t-elle efficace pour convaincre la communauté internationale ?

- La décision de ne pas suivre l’Algérie dans son délire est sage et le monde occidental le sait très bien. Mais, bien sûr, il ne faut pas trop compter sur les partenaires étrangers car ils ont des intérêts à défendre. D’autant que certains pays se réjouiraient de revoir la carte régionale redéfinie, surtout que le Maroc commence à s’imposer comme puissance au niveau du continent. C’est dire que d’aucuns aimeraient bien un retour à la situation des années 80 et 90.

 

Recueillis par S. J.