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À l’heure du streaming, le vinyle confirme son grand retour


Rédigé par Meryem EL BARHRASSI le Dimanche 1 Mars 2020

Phénix de l’industrie musicale, le vinyle connaît depuis une dizaine d’années un retour en force. Accessible, pop et raffiné, il vit sa seconde jeunesse.



Objet élégant et vintage, le disque vinyle incarne la création des poètes, chanteurs et musiciens, et ce, dans une pochette digne d’une toile. Et malgré le fait que le lecteur vinyle n’offre pas le luxe de sauter d’une chanson à une autre, la platine vinyle nous invite quand même à prendre le temps de savourer quelque chose de spéciale et bannit ainsi le multitâche qui a envahi notre quotidien en faisant de la musique quelque chose de banal qui sert majoritairement à nous distraire ou à animer les différentes activités routinières.
 
Aujourd'hui, le schéma s'est inversé : ce sont les petits disquaires, grands artisans de la survie du vinyle, qui font office d'enseignes spécialisées. À l’ancienne Médina de Rabat, se trouve une boutique à la devanture colorée, arborant les restes d’un dessin d’une platine. « Nous faisons encore un peu de ventes de CD neufs et d’occasion, mais nous avons la volonté de consacrer la boutique aux vinyles car c’est devenu très rare », explique Hamid, propriétaire de la boutique qui se consacre depuis plus de 20 ans aux vinyles. Durant ces années, Hamid, passionné de la fameuse et mythique galette, a vu sa clientèle changer.

Un acte d’écoute différent

Avec le numérique, les possibilités d’écoute se sont développées. Le téléchargement et le streaming sont aujourd’hui des pratiques omniprésentes sur le net dans la consommation musicale. Pourtant, les nouvelles générations se tournent de plus en plus vers le vinyle. Pour Hamid, disquaire, le retour de la tendance vintage depuis ces dernières années joue beaucoup, mais pas que. « C’est un bel objet en lien avec le vintage qui les attire. Mais ils savent que l’écoute du vinyle est une autre démarche. C’est sûrement cette différence qui les attire. Trop habitués au numérique, ils cherchent autre chose », explique le disquaire.
 

Les jeunes s'y intéressent

Les galettes noires ne séduisent pas que les nostalgiques, mais de plus en plus la jeune génération. Tous les disquaires le constatent : la nouvelle population d'acheteurs de vinyles est plus jeune. Certains n'ont pas connu l'âge d'or du microsillon. « Avant, c'était plutôt du 30 à 40 ans, la clientèle moyenne. Maintenant, c'est plus du 20-40 », raconte Hamid.
 
« Je trouve qu'il y a quelque chose d'indépassable avec le support physique. J'aime bien avoir un objet, le conserver, le ressortir, le faire vivre. Le tout virtuel, c'est froid, impersonnel ». Âgé de 26 ans, Marouane n'a pas connu l'époque du vinyle comme format privilégié dans la musique. Pourtant, il en possède déjà plus d’une trentaine. À l’heure de la dématérialisation, ce jeune reste attaché au support physique, plus « noble » selon lui. « Le vinyle correspond à ma façon d'écouter de la musique : souvent, j'écoute un album sans faire rien d'autre, comme si j'étais devant un film », explique Marouane.

« Re » naissance d’une communauté vinyle ?

Ce « retour du vinyle » se traduit par une communauté d’utilisateurs toujours plus nombreuse. L’importance de cette communauté est cependant difficile à quantifier, un nouvel utilisateur pouvant parfaitement échapper aux statistiques pour le peu qu’il investisse dans du matériel d’occasion pour profiter des vinyles de ses parents par exemple.
 
Belle cerise sur le gâteau pour les amoureux du son : ce retour en grâce peut s’avérer vraiment qualitatif à condition d’être peu attentif au matériel utilisé pour le peu qu’on prenne le temps d’associer une platine vinyle de bonne facture avec des éléments qualitatifs et cohérents. Le vinyle représente alors une alternative pertinente pour une écoute sédentaire, l’occasion aussi de retrouver l’authenticité et la saveur incomparable des enregistrements analogiques.
 
Le vinyle a encore de belles années devant lui, porté par une jeunesse fascinée par l’authenticité du support, mais reste encore une pratique marginale par rapport aux autres modes de consommation de la musique. Oui, la galette est bel et bien de retour, séduisant un nouveau public, mais ce retour est un trompe-l’œil qui dissimule un marché de niche.
 
 



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