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Retraites : face à des syndicats prudents, le gouvernement se heurte à des arbitrages épineux (round Up)


Rédigé par Anass MACHLOUKH Vendredi 18 Juillet 2025

Après l’avoir reportée à maintes reprises, le gouvernement a relancé le débat sur la réforme des Retraites avec les partenaire sociaux. Des choix difficiles s’imposent au moment où les syndicats refusent d’emblée tout sauvetage des caisses au détriment des travailleurs. Décryptage.




Le gouvernement a finalement réuni, jeudi, les partenaires sociaux lors d’une série de réunions tenues sous la présidence du Chef de l’Exécutif, Aziz Akhannouch, en présence de tous les ministres concernés. Un face à face que le gouvernement a plusieurs fois différé tellement la réforme est épineuse. Cela fait longtemps que la commission nationale des retraites est suspendue.  La relance de la réforme est d’autant plus urgente que chaque jour qui passe  coûte de l’argent à des caisses déjà menacées de faillite à des degrés différents.   

En apparence, le débat semble serein. Le gouvernement veut à tout prix rassurer les centrales syndicales avant d’entrer dans les détails. Aziz Akhannouch ne cesse de répéter que le gouvernement veut traiter ce dossier dans le cadre d’une démarche participative, basée sur la confiance. 

Or, ni les syndicats ni le patronat ne donnent , pour l’instant, le moindre signe d’ouverture. Personne ne semble disposé à faire des sacrifices. Le gouvernement en demande énormément puisque le redressement des caisses des retraites requiert  des mesures drastiques. Relèvement de l’âge de départ à la retraite, hausse des cotisations, gel des pensions, autant de pommes de discorde qui font irruption dans les discussions. Il importe de  savoir à quel point les centrales syndicales pourront céder.  

Jusqu'à présent, les syndicats se sont unanimement dits opposés à tout recul des acquis des travailleurs. L’Union Marocaine du travail insiste sur le fait que la réforme ne se fasse pas sur le dos des salariés et réclame une hausse générale des pensions puisque les retraités, argue-t-il dans un communiqué, n’ont eu aucune valorisation contrairement aux fonctionnaires et aux salariés qui ont bénéficié des hausses de salaires et des coupes fiscales avec la réforme de l’IR. Une revendication partagée par la Confédération démocratique du travail qui tient un discours plus musclé. La CDT appelle, elle aussi, à la revalorisation des pensions et exige que l’Etat assume sa responsabilité dans la lutte contre le chômage pour stimuler les cotisations.  Le syndicat de gauche revendique également la hausse des charges patronales pour alléger le fardeau sur les salariés.  Dans son communiqué, la CDT est allée jusqu'à menacer  le gouvernement d’escalade en cas de mesures unilatérales sans réelle négociation.       


Pour sa part, l’UGTM se montre plus modéré et flexible tout en rejetant d’emblée que les classes laborieuses payent la totalité de la facture. Le syndicat istiqlalien plaide pour une réforme globale où toutes les parties prenantes, notamment le gouvernement, assument leur responsabilité. Concernant l’âge de départ à la retraite, le Secrétaire général de l’UGTM, Ennaam Mayara, s’est montré ouvert à 63 ans à condition de prendre en considération les critères de pénibilité. Il avait exprimé cette position lors d’un rassemblement en 2023.     

Pour la CGEM, la réforme s’impose vu l’augmentation de l’espérance de vie de 65 à 77 ans au cours des trente dernières années, comme l’a rappelé le patron des patrons Chakib Alj, à l'issue des consultations avec le gouvernement.   

En réalité, les syndicats exigent toujours un diagnostic clair de l’état actuel des caisses de retraites pour déterminer les responsabilités. Durant la réunion avec le gouvernement, ils ont pris acte d’un exposé présenté par la ministre de l’Economie et des Finances,   Nadia Fettah Alaoui.  Ce diagnostic, dont les détails restent confidentiels, ne fait pas encore l’unanimité. Tout ce qu’on sait, c’est que la Caisse marocaine des retraites pourrait épuiser ses réserves dès 2028 à cause d’un déficit estimé à 9,8 milliards de dirhams. Par contre, la Caisse nationale de la Sécurité sociale (CNSS) se porte mieux. Elle serait menacée de faillite en 2038 avec une dette globale qu’on estime à  77 milliards de dirhams en 2023.

La situation est beaucoup plus confortable pour le Régime collectif d'allocation de retraite (RCAR), géré par la Caisse de dépôt et de gestion (CDG), grâce aux 135 MMDH de réserves. Celles-ci allongent sa durée de vie jusqu’en 2052. 

En somme, à en croire la recette initiale préconisée en 2022 par un cabinet d’études, on devrait se diriger vers un nouveau système unifié à deux pôles (public et privé) avec un régime complémentaire obligatoire. Comme la survie du système par répartition est menacée par le changement démographique, le poids du chômage et les menaces financières, l’Exécutif veut introduire une dose de capitalisation.  







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