Rabat, capitale de la révolution génétique
Du 13 au 15 novembre 2025, Rabat accueillera le 1er Congrès Marocain de Génétique Médicale.
Un événement qui pourrait marquer un tournant historique.
Car au-delà des conférences et des débats scientifiques, ce rendez-vous ambitionne de tracer une voie nouvelle : faire de l’industrie de l’ADN une véritable filière stratégique nationale.
Dans un monde où la santé devient aussi un enjeu d’indépendance économique et politique, le Maroc ne peut plus se contenter d’observer.
Il doit s’imposer comme acteur.
Un marché mondial colossal
Le marché mondial de la génomique était estimé à 32,6 milliards de dollars en 2023 et devrait atteindre près de 95 milliards d’ici 2030, avec une croissance annuelle supérieure à 16 %.
Le séquençage ADN, cœur battant de cette industrie, pèse déjà 12 milliards de dollars et quadruplera d’ici sept ans.
Dans la région Moyen-Orient et Afrique, la valeur du marché devrait dépasser 4,5 milliards de dollars à l’horizon 2033.
Ces chiffres impressionnants montrent qu’une nouvelle économie est en train de naître : celle de la biologie numérique, de la médecine personnalisée et de la donnée génétique.
Le Maroc à la croisée des chemins
Le Royaume dispose de nombreux atouts : des universités dynamiques, des centres hospitaliers universitaires performants, et surtout une jeunesse scientifique ambitieuse.
Les technologies sont désormais accessibles, les compétences locales réelles.
Ce qu’il manque, c’est une stratégie nationale coordonnée, un plan d’action clair, et un engagement politique fort.
Investir dans la génomique, c’est protéger la souveraineté sanitaire du Maroc.
Aujourd’hui encore, de nombreux échantillons biologiques marocains sont envoyés à l’étranger pour analyse.
Cela retarde les diagnostics, augmente les coûts, et expose des données génétiques précieuses à des circuits non maîtrisés.
Développer une infrastructure nationale de séquençage et de stockage sécurisé des données biologiques permettrait au pays de mieux comprendre sa propre population, de prévenir les maladies héréditaires, et de construire une médecine de précision adaptée aux réalités marocaines, indique Pr Karim OULDIM, président de la Société Marocaine de Génétique Médicale ( SMGM).
Un levier pour prévenir les maladies génétiques
Le Maroc fait face à une prévalence élevée de maladies génétiques dites rares, souvent liées au mariage consanguin et à l’absence de dépistage systématique.
Un programme national de prévention génétique, fondé sur le dépistage prénatal, néonatal et familial, permettrait de sauver des milliers de vies chaque année.
La génétique doit devenir une priorité de santé publique.
Elle ne doit plus être perçue comme un luxe réservé à une élite médicale, mais comme un outil démocratique de prévention et de justice sanitaire.
La parole aux experts
« Le Maroc doit devenir un acteur de la génétique médicale, pas un simple utilisateur. La génomique est la clé de notre souveraineté scientifique et de notre indépendance sanitaire. »
Pr Karim Ouldim, Président de la Société Marocaine de Génétique Médicale (SMGM)
Un congrès fondateur
Le Congrès de Rabat ne se limite pas à un échange académique.
Il marque la naissance d’un mouvement national pour la génétique médicale, mobilisant médecins, chercheurs, biologistes, économistes et décideurs.
L’objectif est que la génétique sorte de l’ombre pour devenir un pilier du développement marocain, à la croisée de la science, de l’économie et de la dignité humaine.
Dans cette ère nouvelle, la véritable richesse d’un pays ne se mesure plus seulement à son PIB, mais à sa capacité à comprendre et protéger son propre code de vie.
L’ADN n’est plus seulement un sujet de laboratoire.
C’est le nouvel horizon stratégique du Maroc.




















